Cathédrale de Palma
Si vous arrivez à Palma depuis l’aéroport, vous serez certainement émerveillé par notre fantastique promenade maritime, avec ses palmiers, ses bateaux de plaisance et sa magnifique vue sur la baie. Mais le plus impressionnant de tout est la silhouette de la cathédrale, surtout la nuit. Dans cet article, nous vous raconterons quelques anecdotes sur la cathédrale de Palma.
Les cathédrales
Les cathédrales gothiques ont commencé à être construites au XIIe siècle en France, et elles ont véritablement révolutionné l’architecture. Jusqu’alors, les bâtiments et les églises romanes avaient des murs très épais, de petites fenêtres et étaient donc très sombres à l’intérieur. Les nouveaux systèmes de construction de style gothique ont démontré qu’en réalisant des arcs en ogive (avec un sommet vers le haut), il était possible de mieux maîtriser la force de gravité, de construire des piliers très hauts et des murs très fins. De cette manière, il était également possible de réaliser de grands vitraux colorés et d’obtenir trois choses : de la hauteur, de l’élégance et surtout, de la lumière, beaucoup de lumière.
Les 3 éléments clés
Le style gothique est devenu à la mode et s’est rapidement répandu dans toute l’Europe chrétienne. Il s’agissait d’une avancée majeure, avec 3 éléments principaux qui ont révolutionné l’architecture : a/ L’arc en ogive b/ Les arcs-boutants (renforts extérieurs) et c/ La voûte en croisée d’ogives (au sommet, là où les piliers se croisent).
Voici comment elles étaient construites
Les concepteurs des cathédrales avaient une connaissance très approfondie de la construction en pierre et c’est pourquoi, fondamentalement, ils étaient des maîtres tailleurs de pierre qui apprenaient les techniques de l’architecture. Tout était basé sur l’expérience et le système d’essais et d’erreurs, car jusqu’au XIXe siècle, il n’existait pas de calculs structurels mathématiques comme ceux qui sont effectués aujourd’hui. Le métier de tailleur de pierre était très respecté et ses techniques étaient des secrets bien gardés au sein de la corporation.
Souvent, les plans étaient dessinés sur de grandes plaques d’argile, sans doute parce qu’elles étaient faciles à marquer et à corriger si nécessaire. La pierre utilisée était généralement du calcaire, peu dur et relativement facile à tailler et à sculpter. Les pièces en pierre étaient réalisées à la main, une par une, et les tailleurs de pierre étaient d’ailleurs payés à la pièce, qui devait être numérotée. Les arcs et les pièces complexes étaient réalisés à partir de gabarits en bois.
Pour construire des bâtiments aussi hauts, il fallait creuser des fondations très solides, avec des piliers pouvant atteindre 15 mètres de profondeur, et construire d’énormes échafaudages en bois. En définitive, un défi de taille pour l’époque.
Mais comment ces pièces si lourdes pouvaient-elles être soulevées aussi haut ?
Le secret réside dans une machine très ingénieuse, d’origine romaine, construite en bois. Elle est appelée « grue à roue » ou, plus communément, « noria des écureuils », car il s’agit en fait d’une sorte de roue géante similaire à celles dans lesquelles on place les hamsters pour qu’ils courent sans se déplacer. Mais dans ce cas, ce sont un ou deux hommes qui y entraient, et la force générée était utilisée pour soulever de grosses pierres jusqu’en haut. On estime qu’avec deux hommes, il était possible de soulever des poids allant jusqu’à six tonnes.
La structure et les proportions des cathédrales
Si nous les regardions d’en haut, nous verrions que de nombreux temples chrétiens ont été construits sur un plan en forme de croix, symbole du christianisme.
Mais en plus de cela, certains chercheurs affirment que les architectes médiévaux ont construit les cathédrales en suivant des proportions très précises, car elles étaient basées sur des mesures considérées comme « mystiques » ou divines. Elles étaient généralement basées sur des temples décrits dans la Bible, comme le temple du roi Salomon, ou sur des temples plus récents de la Grèce ou de la Rome classique.
L’orientation n’était certainement pas le fruit du hasard non plus. Ainsi, par exemple, la cathédrale de Palma a été située de telle manière qu’un phénomène très curieux se produit chaque année. Mais cela ne se produit que deux fois par an, à deux dates très précises : le 2 février (2/2) et le 11 novembre (11/11).
Au lever du soleil, les rayons traversent la grande rosace et se projettent dans un festival de couleurs juste en dessous de la rosace de la façade opposée. Pendant un moment, nous avons donc une double rosace, celle en verre au-dessus et celle de lumière et de couleurs en dessous. Ce phénomène est appelé « El ocho » (le huit), car on voit deux cercles entrelacés qui ressemblent justement à cela, un huit.
On dit que le 8 représente la perfection et l’infini.
Cathédrale de Palma, histoire
Lorsque le roi Jaime Ier décida d’attaquer Majorque, il partit avec ses navires depuis la côte de Tarragone, mais il rencontra en chemin une violente tempête qui faillit les faire naufrager. Il pria la Vierge et promit que s’ils étaient sauvés, il ferait construire une cathédrale qui lui serait dédiée. Finalement, l’expédition fut couronnée de succès et Madina Mayurqa (Palma) fut conquise en 1229.
La construction de la cathédrale commença lorsque Jaime Ier ordonna de consacrer la grande mosquée à la Vierge Marie, afin qu’elle soit utilisée pour le culte chrétien, et ordonna en même temps la construction d’un nouveau temple, en utilisant une partie de l’espace de l’ancienne mosquée. L’emplacement était privilégié, près des remparts et face à la mer.
Intérieur de la cathédrale de Palma (photo d’Andrei Kozlov)
De nombreuses années, différentes phases
C’est le roi suivant de Majorque, Jacques II, qui a lancé les travaux de la cathédrale telle que nous la connaissons aujourd’hui, même s’il a fallu plus de 300 ans pour les achever, en 1587.
Les siècles suivants, XVIIe et XVIIIe, ont vu l’intérieur de la cathédrale s’enrichir de peintures, sculptures et retables de style baroque.
L’année 1851 a été une date clé pour la ville et pour la cathédrale. Un violent tremblement de terre a détruit une grande partie de la façade principale, qui a dû être presque entièrement reconstruite.
Après tant d’années, on peut dire que même si « La Seu » (nom sous lequel la cathédrale est connue) est essentiellement de style gothique méditerranéen, elle comporte des éléments de nombreux autres styles : Renaissance, baroque et contemporain.
Deux grands artistes et leur contribution à la cathédrale
Le célèbre architecte Antonio Gaudí a travaillé pendant plus de 10 ans sur ce projet, y apportant de nombreuses contributions dans son style moderniste particulier : le baldaquin ainsi que de nombreux ornements intérieurs.
Et notre peintre majorquin, Miquel Barceló, de renommée internationale, a décoré la chapelle du Saint-Sacrement d’une spectaculaire sculpture murale en argile, dédiée aux fruits de la mer et aux fruits de la terre. Cette œuvre a été très controversée, car elle a eu de fervents défenseurs, mais aussi de nombreux détracteurs.
Chapelle décorée par Miquel Barceló (photo d’Andrei Kozlov)
Personnages illustres
La Seu est le monument le plus emblématique de notre ville et c’est pour cette raison qu’elle a été le théâtre d’événements très importants. Actuellement, deux rois du Regne de Majorque sont enterrés dans la cathédrale : Jaime II, roi entre 1276 et 1311, et Jaime III, notre dernier roi entre 1324 et 1349.
Tombe de Jaime II de Majorque Saviez-vous que la rosace de la cathédrale de Palma est la plus grande de toutes les cathédrales gothiques d’Europe ? (plus de 13 mètres de diamètre)
Et que sa voûte est l’une des plus hautes, plus haute que celle de la cathédrale de Cologne (Allemagne) par exemple ? (Palma 44 mètres / Cologne 43 mètres).
Ses dimensions générales sont spectaculaires, avec 121 mètres de long et 55 mètres de large, mais sa vue sur la mer la rend pratiquement unique au monde.
Mais l’une des choses les plus curieuses est peut-être que chacune de ses 9 cloches porte un nom propre : la plus grande s’appelle « N’Eloi » et pèse un peu plus de 4 600 kilos. La plus petite s’appelle « Na Prima » et pèse beaucoup moins, seulement 244 kilos.
La légende de la dame emmurée
Au XVIe siècle, l’Espagne était une nation profondément religieuse, très catholique, ce qui imprégnait toute la société, y compris Majorque. C’est dans ce contexte qu’une jeune fille nommée Elisabet Safortesa Gual grandit dans une famille noble majorquine. Elle avait pour vocation de devenir religieuse, mais les intérêts familiaux la poussèrent certainement à épouser un chevalier de la noblesse locale.
Quelques années passèrent, Elisabet devint veuve et sa vision et son opinion de la société civile ne s’étaient pas beaucoup améliorées, car sa vocation religieuse s’était considérablement renforcée. Elle demanda à l’Église de pouvoir s’enfermer dans la cathédrale pour mener une vie contemplative.
Une toute petite pièce fut aménagée, dont la porte fut murée et équipée d’un tourniquet par lequel on lui passait de la nourriture. Une petite fenêtre donnant sur une chapelle était l’endroit où Elisabet passait des heures à prier… et ainsi de suite, jour après jour, jusqu’à sa mort en 1589, après 13 ans d’enfermement. C’est pourquoi on l’appelait la dame emmurée, ce qui est un fait réel et non une simple légende.
terrasse de la cathédrale de Palma
Visiter la cathédrale aujourd’hui
Actuellement, la Seu est visitée par des milliers de personnes chaque année, que ce soit pour assister à une messe, pour voir son intérieur ou pour entrer dans le musée. Mais si vous voulez que nous vous recommandions quelque chose de spécial, voici deux bonnes idées : inscrivez-vous à l’une des visites qui permettent d’accéder aux terrasses supérieures de la Seu, avec une vue vraiment spectaculaire sur la baie. Et si vous préférez quelque chose de plus culturel, assistez à l’un des concerts du « Festival international d’orgue » qui se tient chaque année.
Profitez-en pour imaginer tous les événements qui se sont déroulés dans cette cathédrale, c’est à vous de jouer !
Si cela vous a plu, vous serez peut-être intéressé par quelques informations sur le bâtiment de la Lonja de Palma, suivez le lien : La Lonja de Palma