Hondero balear
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Le frondeur des Baléares

Quand j’avais quinze ans et que je vivais à Palma, j’aimais beaucoup aller dans la rue Honderos. Ce n’était pas une rue très jolie, mais c’était le quartier de la ville où se trouvaient presque tous les magasins de motos. Regarder les vitrines et rêver d’en avoir une un jour était gratuit. Je n’ai jamais compris pourquoi cette rue s’appelait ainsi, car l’important, c’étaient les motos, rien d’autre. Mais les années ont passé et j’ai découvert la raison pour laquelle une rue avait été dédiée aux honderos, les lanceurs de pierres des Baléares. Je vais vous raconter leur histoire passionnante.

Qui étaient les frondeurs ?

Il s’agissait en effet de guerriers d’élite mercenaires, originaires de Majorque et de Minorque. Ils formaient des troupes de choc, car ils combattaient en première ligne en harcelant l’ennemi pour engager le combat. À l’aide d’une fronde, ils lançaient des pierres à grande vitesse et désorganisaient les rangs adverses en brisant leurs boucliers, leurs casques ou leurs armes.

Mon garçon, soit tu atteins, soit tu ne manges pas.

La légende raconte que les parents, afin que leurs enfants affinent leur précision au lancer de fronde, leur faisaient passer un test très stimulant : à distance, au sommet d’un poteau ou d’une branche d’arbre, ils plaçaient la ration alimentaire (probablement du pain) de l’enfant. Celui-ci devait lancer sa fronde jusqu’à ce qu’il atteigne sa cible et que la nourriture tombe au sol. Il devait répéter l’opération autant de fois que nécessaire jusqu’à ce qu’il y parvienne. Ce n’est qu’alors qu’il pouvait manger…

Comment luttait le lanceur de pierres des Baléares

Ils étaient en première ligne et portaient peu de vêtements, seulement quelques peaux ou tissus légers. Pour se défendre, ils avaient tout au plus un bouclier recouvert de peau de chèvre. Le plus important était la fronde, et ils en portaient généralement trois, de tailles différentes selon la distance à laquelle ils voulaient tirer. Ils en portaient une à la main, une autre à la taille et la troisième sur la tête.

Le frondeur des Baléares
fronde en fibres végétales

La fronde était fabriquée à partir de fibres végétales tressées et les projectiles lancés étaient en pierre ou en plomb et pouvaient peser jusqu’à 500 grammes. La vitesse pouvant être atteinte était de 250 km/h, ce qui rendait un impact direct très, très violent. Après la pluie de pierres, l’infanterie intervenait pour poursuivre la bataille.

Première période et combat aux côtés des Carthaginois

Nous devons nous situer dans la culture talayotique, c’est-à-dire vers 1500 avant J.-C., tant à Majorque qu’à Minorque. La fronde devait déjà être utilisée à cette époque pour chasser et combattre, mais les frondeurs ne sont devenus célèbres que plus tard.

C’est à partir du Ve siècle avant J.-C. que les Carthaginois ont pris conscience de la grande force et de la précision des frondeurs baléares. Ils les recrutèrent pour leurs guerres contre les Grecs en Sicile (410 av. J.-C.) et ils participèrent également à la première guerre punique contre les Romains (264 av. J.-C.). Cependant, c’est lors de la deuxième guerre punique qu’ils acquirent véritablement leur notoriété et leur renommée. Le général carthaginois Hannibal traversa (en 218 av. J.-C.) les Alpes avec ses troupes et 37 éléphants en direction de Rome. Hannibal, soutenu par près de 2 000 frondeurs des Baléares, vainquit sans pitié les légions romaines lors de plusieurs batailles dans la péninsule italienne.

Des années plus tard, ils participèrent également à la troisième guerre punique (en 149 av. J.-C.), mais il ne reste pratiquement aucun témoignage de cette époque.

Contre Rome et avec Rome

Une fois Carthage définitivement vaincue, le général romain Cecilio Metelo voulut envahir Majorque (en 123 av. J.-C.). Les frondeurs des Baléares les accueillirent « à coups de pierres », mais les Romains finirent par atteindre leur but.

Mercenaires et très compétents, nos frondeurs finirent par se battre pour Rome. On les appelait les funditores et ils participèrent aux côtés des troupes de Jules César à la guerre des Gaules (en 56 av. J.-C.), où ils furent très appréciés.

Les frondeurs aujourd’hui

Une fois cette période de guerres passée, la fronde continua d’être utilisée à Majorque et à Minorque, mais par les bergers ou comme simple passe-temps.

Ils étaient très appréciés dans l’Antiquité et sont aujourd’hui considérés comme des héros ou des mythes dans les îles Baléares. Ce n’est pas un hasard si ce dernier mot, issu de la langue sémitique, signifie « Terre des maîtres de la fronde ».

Il s’agit aujourd’hui d’un sport pratiqué par une fédération baléare qui organise divers rencontres et compétitions.

Un objet que nous considérons comme typiquement majorquin, et qui devait coexister avec les frondeurs des Baléares, est le siurell. Le billet que vous pouvez trouver en cliquant sur le lien parle du siurell : Siurell

Siurell

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